lundi 25 janvier 2010

San-Antonio à l'Isara : Chapitre 4

Ne confondez pas « Retour de bambou » et « come back de chanteuse »

Ce qu’il se passe par la suite est nettement moins bath, figure-toi, ami acheteur (car ce serait hypocrite de t’appeler uniquement lecteur, quand ce qui m’intéresse le plus chez toi, c’est bel et bien l’oseille que tu me procures en achetant mes écrits). La grosse standardiste, Nadine, effarouchée par le verbe béruresque, a mis ses menaces à exécution en entamant une procédure à l’encontre de sa Majestée la grosse pomme. L’affaire se présente d’autant plus mal que le pépère a récidivé dans le « marcellement-sextuel » le lendemain du coup de téléphone virtuosement[1] raconté dans le chapitre précédent. Béru vient de recevoir une convocation en conseil de discipline.

- Avais-tu besoin, hé, Baudruche, d’aller ré-attaquer cette mocheté au lendemain d’une menace de représailles aussi claire ? je gronde.
- C’tait t'une façon d'mettre les poings sur les vits ! m’assure Béru. Elle avait tell'ment après-skié mes performanches, que je m’suis dit qu’remett’ le couvert, en signe de pet, était le meilleur moyen d'passer loutre cette histoire.
- Mais comprends-tu, bougre de tubercule papatéen, qu’elle a maintenant deux témoins contre toi ?
- Mets-toi z’à ma place, Sana : les mômes Sylvie et Pauline étaient au turf au standard, j’allais quand même pas les fout’ dehors, si ? Ma constance professionnelle m’interdit d’empêcher trois gerces de turbiner en six-mules-tannées ! Qui aurait répondu en cas de coup de bigniou ? Tu peux me l’dire ? Tézigue, p’t-être ?

Apparait alors, à la porte de mon burlingue, César Pinaud, que l’affaire Bérurier a provisoirement tiré de sa retraite pour le rapatrier vers chez nous. Avec son mégot de trente ans aux lèvres, sa tête de derche dépressif, il s’est mis en tête de sortir le Gros de la mouise, et il potasse depuis ce matin le code de bonne conduite de la police française.
- Salut, Antoine, dit-il d’une voix aussi fripée que lui-même. Je peux t’emprunter Alexandre-Benoit quelques minutes ? Nous devons convenir d’une ligne de défense cohérente avant sa comparution devant le conseil, après-demain.

La Pine m’attendrit autant qu’il m’agace, ces temps-ci. Son dévouement confirme qu’il est sans conteste (mais également sans stratégie valable) une des plus belles âmes de ce monde. Mais il me semble surtout terriblement gland, avec son chemisier, rentré à la va-vite dans son triste slibar, lui-même dépassant de plusieurs centimètre au-dessus de son bénard (ses antiques bretelles ont explosé le jour où Béru a voulu en faire un lance document pour ne plus avoir à se lever au bureau).
- Courage, je grommelle en quittant la pièce. Et je me demande si le « a » n’est pas de trop.
- Merci, répond la Vieillasse d’un ton solennelle. Oh, attends avant de partir… tiens, tu pourras relire ceci ? me demande-t-il en me tendant une feuille qui a sans doute servi de papier-cul à un vendeur de laxatif. C’est mon argumentaire pour Béru, j’ai peur d’y avoir laissé une ou deux coquilles…
- Des coquilles ? marmonné-je. Tu es bien sur de l’opportunité de la lettre « q » ?
- Tu t’aigris, Antoine, glapit la Guenille, visiblement vexé, mais que je soupçonne de n’avoir pas compris mon trait d’esprit. Tu devrais manger tu sais quoi ? Des carottes. Ça rend aimable, les carottes.
- Et, pour le coup, je ne saurais te suggérer assez de ne pas oublier le « a », ajoute une voix depuis le couloir, par la porte ouverte.

C’est Eloi (c’est tes lois, cette haie loua, sept hait l’oie, ces tel ouah).
- Gone ! m’étonné-je. Que nous vaut ta visite ?
- Si c’est possible, j’aime autant te le dire en privé, élude-t-il provisoirement.
- Sensass’, figure toi que mes collaborateurs étaient justement en train de quitter mon bureau.
- Mais Antoine, braie Pinaud, c’était toi qui partais…
- Hé bien c’était une erreur ! contre-attaqué-je. Ici, c’est mon burlingue, j’en dispose comme je veux, et toi tu m’indisposes !

Penaud, Pinaud s’évacue mollement. Bourru, Béru craque une louise. Et Eloi peut prendre place. Je dois avouer ceci, ami constipé (car je n’ignore pas que beaucoup de mes bouquins terminent leur carrière aux cabinets –comme les docteurs et les avocats, du reste, je vous laisse apprécier le standing !), je dois t’avouer ceci, donc : je ne t’ai pas tout dit. Si je suis aussi bienveillant avec ce jeune gars que je connais à peine et avec qui je me suis castagné par téléphones interposés il y a trois jours, c’est parce qu’il a la mine d’un mineur dont la mimine aurait déclenché une mine, exterminant au passage la mine de son crayon.
- Ça ne va pas fort ? m’inquiété-je.
- Non, il lâche. J’avais raison.

Je me gaffais bien d’une merdouille de ce type. Je vais même te dire : dès que j’ai vu sa bouille, j’ai compris qu’il y avait eu du vilain entre Saône et Rhône. J’apprécie assez son non-triomphalisme, au gamin : vu la manière dont s’est terminée notre dernier échange de points de vue, il pourrait me rentrer dedans, mais il s’en abstient.
- Un troisième macchab' ? je pronostique.
- Voilà, confirme-t-il.
- De l’Isara ?
- Oui.
- Double prénom ?
- Oui, encore.

Et là, mes petits biquets, s’annonce une question des plus emmouscaillantes.
- C’est la personne pour qui tu craignais ?
- Non… moi, je pensais à Bérangère Michel, une chouette nana que j’ai parfois un peu tripotée. Mais c’est pas mieux : j’avais oublié qu'un de mes meilleurs potes s’appelait Fabien Henry. Nous, on l’appelle « N’a-qu’une-fesse » depuis des années…

Comme quoi, quand tu poses une question gênante, il faut t’attendre à une réponse qui ne l’est pas moins ! D’ailleurs, j’ai remarqué que les questions sont rarement indiscrètes, pertinentes, sympathiques, de fond, de forme, de face ou de profil. Ce sont bel et bien les réponses qui sont tout ça ! Enfin brèfle, comme dirait l’enflure.
- Désolé pour ton ami N’a-qu’une-fesse, je murmure sincèrement. Comment est-ce arrivé ?
- Bastos dans le cassis.
- Quand ?
- Il y a 15 minutes.

Alors là, je tressaille comme il faut, mes frères. C’est du tout récent : attention, forfaiture fraîche !
- Où ?
- Station de métro Duroc, sur la ligne 13.

Le môme devine que, s’il ne dit pas tout d’un coup, il va subir toute la batterie, non pas de cuisine, non plus que celle de Ringo Starr ou celle de ton baladeur, mais bien toute la batterie de questions qu’un flic pose à un témoin. Il s’apprête à tout déballer, mais je l’arrête d’un geste.
- Tu me raconteras tout le reste en route, gone.
- Où va-t-on ?

Toi, mon ami voyageur (car un certain nombre de mes bouquins est gentiment vendu dans les boutiques Sncf pour désennuyer les usagers), tu l’as bien deviné, je suppose ? Oui ! Bravo, on retourne sur les lieux du crime. J’en affranchis Eloi en passant mon lardeuss.

Pendant qu’on chemine, Eloi raconte :
- On est venu à Paris pour le salon de l’Agriculture, le père de Fabien est exposant, il fait du pâté, et il a besoin d’aide sur son stand. Ce midi, on est allé manger chez un ami à moi vers Duroc. Alors qu’on entrait dans le métro pour retourner au salon, y eu une bousculade, Fabien s’est vautré. J’ai commencé par me marrer, ce qui était plutôt malvenu, car le pauvre vieux ne s’est jamais relevé. Quand j’ai vu qu’il y avait du raisin sur le sol, j’ai compris que quelque chose déconnait. J’ai vu un type ranger furtivement quelque chose dans sa parka, j’ai cru voir un pétard avec silencieux, mais je suis sûr de rien. Je me suis cassé vite fait : j’étais pas rassuré-rassuré, et j’ai pensé qu’il valait mieux venir t’affranchir directement.
- Bon réflexe, gars.
- Ce ne sont plus des coïncidences, non ?
- Mes coïncidences en prennent plein le dargiflard avec ce nouveau coup, admets-je. Je te promets de me retourner les méninges pour tirer ça au clair.

Ce sidi, je me demande encore un peu s’il y a un lien à tous ces meurtres. Sont-ce des meurtres à chaque fois, d’ailleurs ?
- T’as su si le pendu avait été pendu de force, d’ailleurs ?
- Affirmatif.

Bon. Un prof, un étudiant, une étudiante. Pendaison, égorgeation, flinguation. A l’Isara, à un autre endroit dans Lyon, à Paris. Ce merdier ! T’y vois clair, toi ? Moi pas. Je capte pas le fil qui relie tout ça ensemble. Cette affaire s’annonce comme une tarte ratée : elle ne se tient pas, dégouline, se répand, et il parait impossible de la tenir fermement et entièrement à une main. Mais nous n’en sommes qu’au commencement ! J’interroge :
- Maintenant qu’un troisième nom grossit la liste, tu vois un dénominateur commun aux victimes ? Une dénominateur commun qui t’aurait échappé ?
- A part l’Isara, répond Eloi, et les deux prénoms, non.
- Nom de nom ! ponctué-je avec à propos. Doit pourtant bien y avoir une raison pour laquelle on dézingue à tout va le personnel de l’Isara. Qui s’amuserait à bousiller toute une liste d’honnêtes gens pour le simple motif qu’ils ont un prénom pour patronyme ?
- J’y pige rien, répond Eloi, ce qui constitue une réponse honnête mais moyennement utile.
- Décris-moi toujours le type au flingue, je demande.
- Chais pas trop si c’était vraiment un poinçon, Commissaire. Mais bon, disons que c’était un grand. Bonnet et parka noirs. Sale gueule... Il s’est glissé dans le métro une seconde après que je l’ai vu, et il était loin…

Tu parles d’un indice ! Je jette un coup d’œil par la vitre de ma Maserati : des types grands, habillés de noirs, j’en aperçois déjà cinq ou six sortant de la bouche de métro la plus proche.

Je conduis ma chignole sans ménagement, avec le gyrophare, deux roues sur le trottoir quand il faut contourner un embouteillage, les pneus qui crissent et le toutim, mais Eloi ne semble pas inquiété. Pas par ma conduite, en tout cas : il se laisse bringuebaler au gré des secousses qu’imposent l’allure sportive de mon bolide sans même tenter de s’accrocher. Mais il est pâle comme le dargif d’une pharmacienne et je me demande in petto si retourner précisément là où son poteau a lâché la rampe le réjouit.
- T’as pas remarqué quoi que ce soit de bizarre ces derniers temps avec N’a-qu’une-fesse ?
- Boarf…
- Comportement anormal, fréquentations inhabituelles ? tenté-je de l’aiguiller.
- Peut-être un type, ce matin au salon... Pendant tout le trajet pour te rejoindre, j’ai bien réfléchi à ça, et je ne vois rien d’autre : un mec s’est approché de lui, lui a posé deux-trois question de base sur le pâté Henry, puis il lui a demandé s’il était le fils du proprio, et si oui duquel.
- Y a deux proprio pour les pâtés Henry ?
- Ouais : le père de Fab travaille en collaboration avec un associé du nom de Paillant.
- La suite de la converse ?
- Le type a engagé la conversation sur N’a-qu’une-fesse : ses études, ses projets… je n’ai pas suivi le babillage en plein : j’avais à faire. Mais j’ai bien remarqué que le type n’avait pas vraiment le profil d’un gars proche de l’agriculture, ni du pâté, ni de quoi que ce soit ayant un rapport avec le stand du père de N’avait-qu’une fesse.

Je souris intérieurement (essayez de sourire intérieurement, vous verrez comme c’est difficile !) à cette adaptation du sobriquet, mais ne laisse rien transparaître et invite Eloi à poursuivre.
- Ce midi, avec Fab, on en a reparlé en se marrant, de ce gars. Dans les salons, tu rencontres toujours des zigs lourdingues qui s’accrochent à tes basques pendant deux plombes. C’est chiant comme la lune sur le coup, mais toujours assez marrant d’en reparler après coup. Mais là c’était carrément spécial : le gars a fini par poser des questions un peu bizarres, du genre « en soirée étudiante, vous buvez ? vous fumez, peut-être ? », tu vois le topo ?
- Il lui a proposé de le fournir en schnouf ?
- Quasi… à demi-mot…
- Il a répondu quoi, ton poteau ?
- Je sais pas trop… je suppose qu’il a dit qu’il n’était pas intéressé. Fab et moi on piccole, mais on est pas trop fumette, ni poudrette.
- Description du gazier, bitte schön ?
- Barbu, brun, l’air un peu bucheron. Pas très grand…

Je turbine un maximum. Le magazine Phosphore pourrait venir faire un numéro complet sur moi, à cet instant ! Se pourrait-il qu’une histoire de stupéfiant soit à l’origine de ce micmac ? Pourquoi pas ! Et puis je n’ai pas grand-chose d’autre à me mettre sous la pogne.

Nous voici à Duroc (station de métro qui aurait pu tout aussi bien s’appeler Ducap, Dupic ou Du-que-dis-je-c’est-une-péninsule, comme me le confiait Edmond Rostand il y a peu). Nous nous engouffrons dans les profondeurs souterraines du métro qui est bien soigné, puisqu’il est poli-teint. Je dresse ma brème magique devant le pif des matuches qui sont déjà sur place et nous accédons au cadavre.

Sur le sol brun du quai, le corps de Fabien Henry paraît bien pâlot. Je remarque que le pseudonyme du défunt n’était pas mal choisi : parfaitement allongé sur le dos, il a pourtant le bassin légèrement tordu, car une moitié de son prosibe est assez nettement moins volumineuse que l’autre. A côté de moi, Eloi a les yeux rivé sur son camarade. Les macchabés, quand on n’a pas l’habitude, ça aimante toujours le regard. Qu’une gerce des plus canons passe à côté de toi en te lançant des œillades coquines n’y changera rien, tu n’auras d’attention que pour la dépouille.

Je plonge la louche dans les poches de cet étudiant qui n’étudiera plus grand-chose. Larfeuille, téléphone portable comme les jeunes d’aujourd’hui, paquet de clopes (des light, si tu veux tout savoir), paquet de prospectus « Les pâtés Henry-Paillant ». Podzib, autrement dit ! Par acquis de conscience, je feuillette le tas de prospectus, des fois qu’un papelard s’y soit intercalé. La démarche (que j’ai toujours préféré à la décrève !) est payante : il n’y a rien que des prospectus dans le paquet, mais l’un d’eux n’est pas « Henry-Paillant », mais « Cerles & Fesse, assurances agricoles ». Le papier glacé est le support d’une bafouille manuscrite :
« Le faux plafond, c'est toi ? Si oui, appelle ce numéro avant 13h00. Bonne prime à la clé. », suivi d’un numéro de turlu portable sans les quatre derniers chiffres. « Ajoute la date du vol moins quatre jours pour avoir le numéro complet », précise une ligne supplémentaire.

C’est râpé pour le numéro de bigot : je n’ai pas la moindre idée des quatre chiffres manquants, et aucune piste pour les deviner. Le type qui a mis ça là était un pro, en tout cas : avec ce code il brouille la seule piste qui permettrait de remonter à lui sans avoir besoin de revenir faire le ménage dans les poches du gamin.

Ma tocante est formelle : si je prends en considération le temps qu’a mis Eloi à me rejoindre et celui que nous avons pris pour rappliquer, alors l’ami N’a-qu’une-fesse a été abattu aux environs de 13h. Intéressant !
- Hé, Gone, t’as pas lâché ton pote d’une semelle, aujourd’hui ?
- Bah je l’ai pas suivi jusque dans les chiches, mais sinon, je l’ai toujours eu en vue.
- Il a passé un coup de fil ?
- Nada. Son téléphone ne marche plus, il emprunte le mien en cas de besoin.
- Il t’a parlé de ceci ? dis-je en tendant le prospectus « Cerle & Fesse »

Eloi déchiffre et délettre, puis hausse les sourcils.
- Négatif… il ne s’est probablement même pas rendu compte de la présence de ce truc : nous avons en permanence cent tracts à distribuer dans les poches de nos nippes.

Mine de diamants[2], j’échafaude silencieusement un scénario.
A) Une bande –un barbu et un grand habillé de noir, au moins– cherche à joindre « un contact ».
B) Après deux essais manifestement soldés par des échecs, la bande insiste : le barbu tente d’approcher Fabien Henry : questions sur son nom, sur son école, pour être sûr de ne pas se tromper. Il lui refourgue un message codé : ordre d’appeler un numéro codé dans un délai précis.
C) J’imagine que s’il avait été « le contact », Fabien Henry aurait compris à qui il avait affaire quand le barbu l’a cuisiné.
D) N’étant pas ce fameux contact, le gamin ne se rend compte de rien, pas même qu’on lui a refilé un ultimatum. Il ne s’inquiète donc de rien.
E) Devant cette non-réponse, le grand sapé de noir dégomme.

Interrogations pour le cas où ce scenar est le bon : y a-t-il une histoire de came derrière tout ça, comme le laisse suggérer certaines questions du barbu ? Les autres victimes ont-elles été contactées de la même manière ? Les meurtres sont-ils systématiques, ou pas ? Autrement dit : quand ils auront mis la main sur le contact recherché, les vilains le supprimeront-ils, ou ont-ils d’autres projets pour lui ? Une chose semble sûre : la « bande » n’a visiblement que deux indices sur la personne qu’ils cherchent : il a un prénom comme nom de famille, et il est lié à l’Isara. Partant de là, notre gang tâtonne. Bon.

Je ne vois rien d’autre à faire ici, et je sens le petit Eloi tout chose, comme dirait Alphonse Daudet. Je m’apprête donc à suggérer de mettre les adjas vite fait, quand une rame métro apparait dans le tunnel. Sochaux must go on ! comme on dit dans le Doubs. Un pauvre type laisse son sang dégouliner tristement le long du quai, mais le métro ne s’arrête pas. On ne va pas retarder des centaines d’autres usagers RATP à cause d’un seul d’entre eux ! Encore moins un qui n’a désormais plus d’activité urgentes à effectuer… Les flics en place empêchent les badauds d’entrer ou sortir de la porte la plus proche du cadavre, pour respecter un périmètre d’investigation. Pour le reste : circulez, y a rien à voir !

Le métro s’arrête, dégueule un paquet de types et de nanas moroses, en aspire tout autant, et s’apprête à repartir. Mais, juste avant la fermeture des portes, quelque chose de pas banal se produit : deux têtes sortent du premier wagon par la même porte, l’une au-dessus de l’autre. On ne distingue pas les corps des deux têtes : ils sont hors de vue, à l’intérieur de la rame. Les têtes se rétractent simultanément après que les deux paires d’yeux y afférant ont inspecté furtivement les quais.

La vision s’est faite fugace, mais je n’ai aucun doute… les deux têtes étaient ainsi disposées : un bonnet noir en haut, une barbe brune en bas. En deux foulées, je suis dans le métro, d'où je fais signe à Eloi de m'attendre là.


[1] Ce passage est réservé à ceux qui liront ma prose en 2017, que l’adverbe « virtuosement » sera intégré au Larousse.
[2] Hé, les gars, vous êtes dans un bouquin d’élite ! Ne vous attendez pas à lire « mine de rien », je navigue plus haut que ça !

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