vendredi 24 juillet 2009

Les mésaventures d'Aimé Chanceté

Ce message fais suite à une série débutée le 23 juillet et nommée "Méchanceté, lâcheté, vilénie"



La mignonne blonde de l’accueil vient d’appeler : Yvan Drépère-Aymère, l’hyper-célèbre auteur d’ouvrages d’analyses littéraires, vient d’arriver. Il sera là dans deux minutes. Le temps pour Aimé Chanceté -directeur de la faculté de littérature- de vérifier que son nœud de cravate est impec, sa moustache bien nette, sa raie rectiligne. « Mon petit Yvan, je te cirerai les pompes jusqu’à plus soif s’il le faut, mais tu vas soutenir mon article ! et ainsi m’aider à clouer un certain nombre de becs ! Hé hé hé ! »

On frappe à la porte.
- Cher Monsieur Drépère-Aymère, bienvenue !
- Mmh’jour…
(-Hé bien ! Quel tonus !)
- Je n’ai pas beaucoup de temps.
- Hélas, nous en manquons tous ! Avez-vous pu malgré tout trouver un petit créneau pour lire mon modeste envoi ?
- Oui. Deux heures jeudi dernier.
(- ?? c’est tout ? il faut au moins une demi-journée pour se taper mon article !)
- Au lieu d’aller au squash ! Deux heures que je regrette amèrement, si vous voulez savoir.
(- Mais qu’est-ce qu’il dit ?)
- J’ai arrêté de lire un peu avant la moitié… Franchement, cher ami, ça vole bas !
- Je… je vous demande pardon ?
- Ecoutez, je vais être souple pour cette fois. Qui a écrit ça ? Un jeune agrégé ? Un thésard ? Quelque chose comme ça, je paris. Essayer de faire publier en son nom l’article d’un étudiant un peu moins manche que les autres, on a tous tenté le coup, mon vieux. Je l’ai tenté, moi aussi.
(- Un article d’étudiant ? mon travail de six mois sur les oeuvres d'Alexendre Dumas ? il se fout de ma gueule ? non ? il est sérieux ?)
- Mais soyez réaliste ! Ces petits sous-doués de la nouvelle génération sont proprement incapables d’atteindre un bon niveau de publication, ça se sent au bout de 3 paragraphes !
(- Et ça le fait sourire ! vieille burne ! ça n’a rien de drôle !)
- Là où je rigole moins, c’est que l’auteur de ce torchon se sert de mon ouvrage « Dumas, investissement total » pour soutenir ses fantaisies.
(- Damned ! Il devient mauvais ! finalement je le préfère souriant, ce débris… mazette, ce regard ! ça va barder pour mon slip sous peu, à tous les coups !)
- Alors ? Vous ne dites plus rien ?
- Et bien… Hum… je… j’ai très soif.
- Ah ! Pas de refus… un petit Kir cassis si vous avez.

Qu’il est agréable pour un supplicié de se lever et de tourner le dos quelques instants à son bourreau. Sauf en cas d’attaque par derrière, bien sûr, ce qui est toujours possible.
- Bon, cher Aimé, on va oublier cet « article »…
(- Et ça repart ! Quand est-ce qu’il ferme son clapet, ce vieux détritus malsain ?)
- …et les deux heures de squash qu’il m’a fait perdre, d’accord ?
(- Je vais pisser dans ton kir, vieille carne !)
- Heureusement pour vous, Dieu m’a fait indulgent !
(- Si Dieu existe tu te péteras un genou en sortant d’ici…)
- Je me console au moins en me disant que vous, au moins, vous n’avez pas du perdre trop de temps pour me faire parvenir ce truc tout juste bon à servir de papier-cul.
(- Je te souhaite une agonie aussi longue que le temps que j’y ai passé !)
- Ah, merci bien… glouglouglou… au moins, votre kir n’est pas dégueu. Enfin bon, je vais filer. Je vous donne un petit conseil tout de même…
(- Toi, mon con, tu vas dire de la merde.)
- Oubliez la publication, ou alors mettez-y vous à fond. Un bon article ne se fait pas comme ça ! Tout le monde n’est pas aussi compréhensif que moi !
(- Dégage de mon bureau, fumier !)
- Allez, au revoir.

La porte se referme.
- Raaaaaah ! Gniiiiiiiiiiiii ! L'enfoiré! L'enfoiré !

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