samedi 13 février 2010

San-Antonio à l'Isara : Chapitre 6bis

Ne pas confondre « Théâtre » et « T’es chaud comme une cheminée »

J’ai failli oublier, dans le chat-pitre précédent : y a un autre truc pas banal ! Quand il s’adressait à moi, Deboeuf se dédoublait ! Il y avait lui, dans son fauteuil, gueule de con-trarié. Et son double, virtuel, qui me traduisait ses dires en mode franc. On aurait dit une pièce de théâtre…

Acte sexuel, (ob) Scène Ité
Où il est révélé une information importante sur Jacek Enkula et Yvan Durêve (ce qui montre que jusqu’à preuve du contraire, JE décide quand je balance mes infos !)

Deboeuf : Je reçois à l’instant une note vous concernant, commissaire San-Antonio.
Son double (à moi) : Je vais quand même pas m’emmerder à te dire bonjour, raclure.
Moi (à Deboeuf) : Ah, oui ?
Deboeuf : Oui. J’apprends que vous avez reçu la charge de l’affaire-Isara.
Son double (à moi, se raclant la gorge) : D’ailleurs, si je pouvais te cracher dessus, ça serait pas mal.
Moi (à Deboeuf) : Effectivement.
Deboeuf : Et… hum ! Pourrais-je savoir pourquoi on vous a confié ce travail ?
Son double (à moi) : Le vieux croulant, là-haut à Paris, doit avoir craqué un câble pour te refiler ce job qui me revenait de droit.
Moi (à Deboeuf, gesticulant pour trouver une position confortable sur mon tanne-cul) : Il se trouve que j’ai personnellement été mêlé à cette affaire.
Deboeuf : Oui… j’ai cru comprendre que vous connaissiez vaguement un témoin de l’un des meurtres.
Son double (l’air mauvais) : Autrement dit, podzib ! Il s’agit d’un piston pur et simple ! Un arrangement scandaleux entre Parigots !
Moi (à Deboeuf) : Pourriez-vous dire à votre double de la mettre en veilleuse ? On ne s’entend plus !
Deboeuf : Pardon ?
Son double : Des clous ! Je reste, et si t’es pas content, tu te barres !
Moi : Fort bien, alors j’appelle le mien et nous serons quittes.

Arrive mon double.

Mon double : Salut les mecs ! Y a de la castagne, ici, alors ?
Son double : Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Qui c’est, lui ?
Mon double (à Son double) : Tout doux ! Moi, je suis là pour faire l’équilibre ! Si t’étais pas ici en train de faire le mariole, je serais resté relax à la maison. J’ai mieux à faire que clouer le bec à des drilles de ton acabit, figure-toi.
Moi (à Deboeuf) : Il est vrai que je connais un témoin du meurtre de la station Duroc. Mais il se trouve, monsieur le divisionnaire, que mon implication va un peu plus loin que cela. J’ai repéré, à Paris, deux individus plus que suspects, qui, l’un et l’autre, sont actuellement appréhendés par les forces de polices parisiennes.
Deboeuf (soudain pâle comme le cul d’un Inuit) : Ah ! J’ignorais.
Mon double (à Son Double) : Marrant comme ça a l’air de te la couper !
Moi : Je viens moi-même de l’apprendre, à la descente du TGV. J’en profite pour en informer mes lecteurs, à qui je ne l’avais pas dit. Si vous voulez savoir, j’avais commencé par les dispenser de notre échange, monsieur le divisionnaire, avant de leur livrer finalement en ce moment même.

Deboeuf se lève, se sert un verre à la fontaine à eau, le boit cul-sec, et se rassoit. Les trois autres le regardent avec circonspection[1].

Deboeuf (tendu, très emmerdé , souhaitant de toute évidence avoir tort, prêt, comme un con qu’il est, à voir cette affaire se prolonger dans le temps à mon détriment plutôt que d’espérer, tel un flic intègre, que les meurtres s’arrêtent et les coupables soient arrêtés… c’est qu’il est sacrément mauvais, ce type ![2]) : Vous seriez donc en passe de résoudre l’affaire…
Moi : Difficile de le dire dès à présent. Grâce aux signalements que j’ai fait diffuser, les suspects ont tous les deux les deux été repérés rapidement avant de pouvoir quitter Paris. L’un d’eux, le tueur présumé, s’est barricadé dans un immeuble, dans le 14ème. L’autre s’est réfugié dans la gare de RER de Chatelet, en pleine affluence à cette heure-ci. Le site est encerclé, les rames bloquées à quai. Dans un cas comme dans l’autre, c’est une question de temps.
Deboeuf (pensif) : Pensez-vous réellement que ces deux individus soient à l’origine de tous les meurtres ?
Son double : Oh, comme j’espère qu’ils vont s’échapper ! Pire ! J’aimerais mieux qu’ils soient attrapés mais qu’ils n’aient rien à voir avec l’affaire-Isara ! Ça te materait, ça, pas vrai, superflic ?
Mon double (à Son Double) : Ta gueule, toi ! Tu saoules, glandu ! Peuh, j’aime autant ne plus rien dire, tiens. Je te donne rendez-vous à la fin du bouquin ! T’auras l’air sacrément navet, je gage, quand l’affaire aura été résolue en un temps record !
Moi (à Mon double) : Tu m’étonnes ! (à Deboeuf) L’avenir le dira. En attendant, je souhaiterais disposer des éléments d’enquêtes collectés jusqu’ici, concernant les deux premiers meurtres.
Deboeuf (tellement faux-cul que je risque une attaque pour didascalie diffamatoire si j’écris « aimablement ») : Naturellement. Mon adjoint vous fera un topo. Et mes hommes, dans la mesure du possible, sont à votre disposition. Mais vous savez ce que c’est : nous avons tous beaucoup de travail…
Son double : Autant dire : va te faire mettre ! J’ai donné des consignes, personne ne t’aideras. Tu peux même t’attendre à une petite crasse ou deux si c’est possible !
Mon double (en sortant) : Ouais, bon, allez. Ciao les nullos, on se revoit quand l’affaire sera réglée !
Deboeuf : Excusez-moi maintenant, mais je suis terriblement débordé…
Son double (à Deboeuf) : Hé ! T’excuse pas ! On le déteste ce mec !
Moi (à Deboeuf) : J’arrive donc au bon moment pour vous délester ! Bonne fin d’après-midi, monsieur le divisionnaire.

Fin de la scène.

[1] Mais non, personne n’a touché à leur robinet intime ! File consulter ton Larousse, inculte !
[2] Record du monde de la didascalie battu ! Signé : Pierre Bellemare

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